Cet été, un bouquin à large reliure a attiré mon attention à la médiathèque. Les médiathèques, ces univers fascinants où le nombre de biens culturels tangibles que l’on emprunte n’est pas à la mesure de son compte en banque mais de son compte lecteur. Le cercle marqué d’une croix rappelant le film Zodiac, qui retrace avec précision l’enquête passionnante pour démasquer un serial killer ayant terrorisé la Californie au tournant des années 70. C’est bien le livre de Robert Graysmith, dessinateur au San Francisco Chronicle, qui a inspiré le génial David Fincher pour son sixième long-métrage. Encore aux premières pages de ma lecture, je remets le DVD dans le lecteur. Pour la énième fois. Saisissant encore des détails de l’enquête qui m’avaient échappé auparavant. M’interrogeant toujours sur la manière novatrice qu’a eu Fincher de traiter les variations sur le meurtre en série, décliné dans Seven ou dans l’adaptation de Millenium, ou tout simplement sur le thriller. Thème récurrent chez le réalisateur qui m’avait poussé à rester chez moi lorsque Zodiac était sorti en salles en 2007. Il a fallu une diffusion du dimanche soir à la télé pour me faire tomber pour cette œuvre colossale de 2h30, à l’atmosphère glauque pourtant passée à la lumière de San Francisco et portée par la musique de Santana ou Donovan. Si l’ouvrage de Graysmith fourmille de détails, il s’apparente à un travail de recherche qui manque de cohérence et pèche par manque d’épure. Je défie quiconque n’ayant pas visionné le film déjà dense de s’attaquer à ce pavé conçu chronologiquement autour du principal suspect jamais inculpé, faute de preuves directes notamment. Fincher, en fin chef d’orchestre, a tiré de cette œuvre monumentale un thriller passionnant s’étalant sur plus de trente ans, dans lequel l’enquête journalistique touche presque au but lorsque l’investigation policière souffre d’un manque de coordination et de moyens. Courez (re)voir Zodiac. Avec un peu de chance, le DVD se trouve non loin du livre de Graysmith dans votre bibliothèque préférée…
Sandrine Lesage / Octobre 2016